Archives de l’auteur : Taliesin

Dits d’un Barde aux portes du Printemps

Les « Dits d’un Barde aux portes du Printemps » est un texte qui a a surgi en moi quelques jours de l’Équinoxe de Printemps Roue 3. Un peu d’nspiration bardique sur fond de soleil couchant qui j’espère vous plaira.

Les Dits du Barde sur Ys

Un Barde voit, un Barde dit :

« Effluves d’un crépuscule enivrant,
Ombres allongées comme femme désirant
Élans de l’homme dérisoires.
Plénitude du vibrant solitaire,
Émergence de sommets glazik en gloire,
Accueil des rayons de l’ami Soir
Dont l’onde mon être sidère. »

Le Barde écoute, le Barde s’ancre :

« Arcanes bleues d’or
Et foi lustrale de l’inspiré
En moi créent l’osmose
Qui fait en éclat voler
Les enclaves carcérales du symbole
La chevalerie du Grand Paraître
Les paroles illusoires du vieux monde. »

Tout là-haut, sur le promontoire
L’homme contemple l’étendue vers l’Océan.
Front radieux, luminescent :

« Qu’Il est loin le souffle du Vent
Porteur d’augures funestes !
Le silence s’accouple à la nuit sereine.
Il procure l’allonge de l’esprit,
Cette sensation douce de l’homme évanescent,
Qui devant les Déités s’incline
Accepte l’abîme du Grand Dessein
Embrasse en lui son destin. »


À ces mots,
L’œil de Bel sombrant
En Baie du Ponant
Vire rouge puissant
Disque incandescent.

Sa clarté de sang ondule,
Sa lumière pourfend
Êtres des plaines, des champs
Ses rayons ciseleurs fécondent
L’Autre Monde et ses profondeurs.

Un feu de vie alors s’anime
Sur le Tertre, où lui répondent,
Alertes, de divins gardiens.
Esus L’Enraciné
Consume l’ancien, putréfie l’intime.
Airmid aux doigts fertiles
Boit du jour les photons ultimes.
Le Grand Cornu en sa grandeur
Gronde et clame dans les bois son ardeur.
Au souffle chaud du Dieu répondent
Les chants du Peuple de l’Autre Monde.

Intron Noz pose à présent sur le dôme son voile.
Tout est suspendu aux vibrations des étoiles.
Et le village en contrebas s’endort une fois encore
Sourd au chant de l’obscur,
Aveuglé par les soutanes, les censures.

Vigile du nemeton
Son feu créateur, le barde tisonne.
Quand point la fin du jour
En lui rayonnent
Être et Awen entrelacés d’amour.
Ses yeux de braise alors se closent,
Des visions d’extase en lui éclosent.
Et son chant s’élève, sa voix explose.
Son esprit de chantre caresse,
Effleure alors avec passion
Le creux des reins de la Tradition.

Hymne à Sucellos

Sucellos

Ô Sucellos aux bras vigoureux
Toi qui te tiens sur le seuil
Où temps et espace ne font qu’un,
En un coup de ton maillet
Le Noir se heurte à l’Ombre
En un coup de ton maillet
S’ouvrent les Grandes Portes.

Ô Sucellos, Passeur devant les passeurs
Dans les profondeurs de ton Royaume, l’ovate descend
Dans les profondeurs de ton Royaume, l’initié ressent
Dans les profondeurs de ton Royaume, le prêtre entend…

En Omnia, Dieu frappeur
Tu dresses ton maillet avec vigueur
Et heurte trois fois le cœur de la Terre
Et la Terre par trois fois vibre
Et la Terre par trois fois pulse
Comme un cœur à l’Autre-Monde soumis .

Dans le Temps hors du Temps, Dieu Aîné,
Dans la Nuit des Sages
Dans l’Au-Delà sans âge
Tu dresses ton marteau avec force
Et frappe trois fois l’Antre des Intermondes.
Ogmios l’Implacable alors surgit
Et par l’onde, le corps trois fois frémit
Et par trois fois l’être se relie
Au Destin, à l’infini.

Et maintenant, Sucellos,
Maître des Portes et des Passages,
Toi qui, auprès d’Ahès, vois les êtres sans fard,
Tu veilles.
Tu veilles au seuil de Seidonos
Tu veilles au passage de ceux qui,
Dans le noir du soir,
Murmurent…
Murmurent aux vivants les secrets de l’âme
Reçoivent des vivants, regrets et larmes.

Toi, filtreur du Monde Ancien,
Gardien de la porte des Ancêtres
Veilleur des Renaissances
Toi qui laisse passer le cheval et le chien
Toi qui nous entraînent en tes riches profondeurs
Anime en nous le souffle de l’Autre-Monde !

Honneur à ta présence, Sucellos !
Honneur à ta puissance, Sucellos !
Honneur à toi, le Frappeur
Ô Sucellos, glorieux dans l’éternité !

Hommage aux ancêtres et aux pères

Honneurs aux ancêtres porteurs des mémoires, honneurs aux pères du Bro et de tous. À la mémoire du « Tad », un poème vibrant avec l’Autre-Monde.

Visage du Tad dans la Baie d'Ys. Ancêtre parmis les ancêtres

Kenavo, Tad, kenavo !

Au pays des Ancêtres
ta vie est consacrée
et ta mémoire constellée
de feuilles d’or et d’étoiles.

Kenavo, Tad, kenavo !

Par les vents et le sable chaud
de la Palud, très haut
dans le ciel, les corneilles
louent ton ultime sommeil.

Kenavo, Tad, kenavo !

Des certitudes de silence
œuvrent dans la Baie Lumière.
Et dans les rues de Kemper
rayonne l’Hier de ta présence.

Klevout a rez Tad ma mouezh du-hont ?
Klevout a rez betek amañ kanoù da vro ?
Merzout a rez bremañ, hendad, sklerijenn ar spered1 ?

Les mots peignent de toi des souvenirs,
diluent en vain tes traces d’absence
mais une voix résonne en moi
et dit tout en conscience
comme du fond des flots :

« Kenavo, Tad, kenavo ! »

1 Tad, entends-tu ma voix au loin ? Entends-tu jusqu’ici les chants de ton pays ? Ressens-tu maintenant, ancêtre, la clarté de l’esprit ?

Celto-druides : la mascarade des panthéistes

Soyons clairs : « la Mascarade des celto-druides » est une satire de mes contemporains panthéistes héritiers des francs-maçons tolandiens. Je suis païen polythéiste et ma pratique s’est éloignée de leur système de cooptation sans passer par les Divinités, leurs obsessions celtiques et fonctionnement symboliste… J’aime la culture celtique, pour autant je ne suis pas celto-maniaque. Le paganisme européen a besoin de se renouveler, pas de s’enfoncer dans la confusion identitaire fondée sur le passé.

LA MASCARADE DES CELTO-DRUIDES

Il est pour certains Fils du Chêne
Des territoires d’inconfort
À ne point explorer.
Tel est le prix trompeur
De leur illusoire liberté :

C’est le Monde des Dieux,
Le Royaume des Déesses,
Celui qui appelle,
Et que peu écoutent avec clarté.

Le passéisme des celto-druides est ruine comme cette peinture d'un mur en ruine attaqué par des racines.

Enclavés dans la brume du paraître,
Les chefs, baptisés par la grande tribu, crient :

Nous sommes racines pétrifiées du Passé.
Nous avons compris les symboles.
Nous maitrisons la table de bronze brisée.
Intégrées en nous sont les paroles du cheval de Gwyon.

Les mystères de la sainte croix sont en nous Révélés comme à nos ancêtres,
Nous savons craindre les démons.
Nos chefs ont validé notre cursus.
Et plus que tout, notre gloire rayonne
Dans la mémoire fallacieuse d’un peuple mort.

Et nous en sommes fiers !
Regardez-nous humains,
Nous, Peuple du Chêne,
Sommes fils d’hommes sourds et aveugles  :
Les divinités sont soumises à nos désirs
Car l’Incrée si unique et si puissant est avec nous !
Mais…
Où donc est maintenant dans notre vie cet oracle tant attendu,
Par nous, qui sommes reconnus sages parmi les sages ?

Voici qu’ils en pestent, les sages héroïques.
Ils enragent !
Et, au plus sombre des sombres nadirs,
Là où leur ego se voit par les autres nourrir,
Voici la peur qui remonte pour agir
Source qui jamais ne sut se tarir…

On voit des Druides à Stonehenge dans ce tableau mettant en scène le cerlce de pierres de Stonehenge et un rassemblement de celtes venant y faire leur cérémonie. C'est une erreur historique, un fantasme dans lequel se sont engouffrés les celto-druides franc_maçons depuis le 18e siècle et qui perdurent aujourdhui.

Fantasme et erreur historique : l’assimilation de Stonehenge avec les Druides. Les celto-druides tolandiens sont à l’origine de cet amalgame. Et de nos jours, les philosophes panthéistes continuent d’entretenir le rapprochement par leur rassemblements annuels à Stonehenge.

Et l’un d’eux, homme vert, voit le bouleau flancher
Il frémit, puis dit aux autres :

Regardez, frères et sœurs, c’est un signe !
Laissons ces entités de l’Autre Monde où elles sont !
Car cet oracle glorieux que nous attendons tous
C’est l’autre de son voile qui nous l’a masqué,
C’est l’autre, étranger du cœur, qui nous l’a dérobé !
Vite, mes frères et sœurs, recouvrons-nous de Lumière du gui
Car, par elle, arrivera le miracle qui guérit.
Faisons le Bien !
Soyons Yin Yang,
Pratiquons le Reiki des Anges !
Awen !

Face à tant d’évidences princières
Tous clament Awen comme bénédicité.
Puis ils demeurent là, muets,
Tissant le flou en eux, jusqu’à le parfaire.

Impassibles demeurent ces savants ministres
Face au blanc bouleau
Qui définitivement s’effondre.
Tout à présent frileux, de l’arbre mort ils s’écartent
et dans l’indifférence s’éloignent :
Signe du retour à leur réalité.

Car, oui, sachez-le,
Vos celto-druides ont dans la vie de vraies obligations.
Ils doivent retourner chaque jour à leur profane métier,
A leurs occupations futiles et leurs torpeurs sereines.

Telle est la mascarade des celto-druides ici révélée.

Chaque jour cela est,
Mais de cela, bien peu est dit
Car les Bardes sont sourds, aveugles et muets.

Car bien peu sont Bardes, en réalité.

Honorer le Panthéon de la Terre selon la Tradition

Le Panthéon de la Terre est quelque chose de complexe. La « terre » n’est pour moi pas un « élément », tout comme le feu d’ailleurs, qui demeure un épiphénomène. Cette vision de la Terre issue de la pensée grecque présocratique récupérée par les franc-maçons et que l’on retrouve dans l’imaginaire, y compris dans le culte élémentaire néo-druidique actuel (sic) ou encore dans la Wicca, est pour moi surannée et à dépasser, dans la mesure où l’on se rend bien compte que ce que l’on nomme « Terre » recoupe tout un ensemble de matières différentes : roche, humus, minéraux, magma, etc.; ce qui constitue la manifestation de multiples divinités dont la voix est portée par ce que l’on peut appeler « Gaïa » mais qui demeure toujours une voix multiple. Matière à réflexion.
roche sur le roc'h trevezel

Chercher dans la Terre, dans la roche et sa pluralité de formes et de composition, des réponses, des soins, une certaine forme de magie, qui comblent le manque de courage à cheminer, à se transformer, à faire le choix de la guérison, à faire ce qui est juste en sa vie.

Remercier la Terre le temps d’une cérémonie, puis l’oublier, tout affairé à la vie profane, sans mesurer combien ce sont les nombreuses divinités rattachées à cette Terre qu’il est juste d’honorer en priorité, et avec qui entrer en relation.Utiliser la roche et projeter une intention sur elle, l’utiliser comme un objet, en osant croire que cela est dû, par pure paresse d’un vrai travail vers l’Être et peur d’écouter les dieux.

Projeter dans la Terre des fantasmes d’hommes et de femmes frustrés et inertes, coincés dans le piège des paraîtres qu’impose illusoirement la culture humaine.

Tout cela est-il juste ?

traces sur pierresEn tant que païens, nous avons à mon sens à œuvrer et communier avec les pierres et la roche de nos pagus dans le sens de la Tradition, au lieu d’aller courir trouver une pierre venue de Madagascar pour expérimenter et se convaincre de ce que disent les dictionnaires de lithothérapie. Nous avons également à considérer en conscience la matière rocheuse et le monde des pierres non pas comme un univers aberrant d’êtres vivants en souffrance, mais comme des éléments du plan terrestre qui mutent en silence sous l’emprise du brumeux Ogmios, en relation avec le monde des divinités du panthéon de la Terre. Même si la Terre, en tant que réceptacle et centre-nuit d’où jaillit la Vie, recueille la mort, brasse l’humus et contient de la vie qui grouille et parce que tout est effectivement en relation sur notre plan terrestre, roches et pierres ne sont pas en effet en lien direct avec les divinités liées à la Vie et au monde sensible des plantes et des animaux.

Celles-ci sont fragments des déités qui ont à nous transmettre la Coutume et à se colorer selon la Tradition païenne européenne, en lien avec la Terre et à nous enseigner le sens juste de la relation avec le monde minéral. Et, à ce titre, elles doivent recevoir le même respect que nous devons avoir pour les êtres vivants des règnes végétal et animal.