Archives de catégorie : Évocation

Exaltation d’un Barde dans la tempête

Un Barde dans la tempête ? Complétement !
Le jour de mon exaltation bardique, j’ai vécu intensément une tempête qui secoua la Cornouaille bretonne. Un matin lumineux pour m’exalter, sous les rayons bénéfiques de Belenos. Puis une cérémonie de Brigia dans les vents purifiants de Bretagne, avec des arbres ballotés dans tous les sens… Notre intimité dans un cercle restreint. Et cette puissance de Brigantia à nos côtés comme pour nous protéger des souffles violents qui balayaient les bois de Neved ! Je m’en souviendrai toujours.
Voici donc un texte écrit aux lendemains de cette période de tempête. J’ai alors marché sur mon pagus, me heurtant à ce qui reste de fracassé, de nettoyé dans un paysage morne, gris, humide et venteux. J’étais face au  grand cycle de la vie et de la mort. Et la résonance avec le lointain, aux Portes d’Ys, fut très forte. Cela méritait bien un texte…

Un barde dans la tempête constate les chutes des branches sur son passage, dans les chemins creux de Lorconan

Les sentes de lumière de Brigia
Ont été balayées par le Grand Tonnant.

En ce jour de tempête,
Incessante, ne cesse de vrombir
La rumeur de puissances entêtantes,
Le fracas du vent d’Ys,
Le cri de la Morrigan appelant ses prêtres.

Quel beau tumulte de l’inaudible
Que la Voix des Voies portant fureur sur la cime des arbres
Écumant ce qui doit chuter.

En moi prend le large l’esprit raciné du Barde.
Il échoue ce matin sur les rivages d’un Tertre bouleversé, purifié
Par la juste tourmente du Renouveau.


« Exaltation d’un Barde dans la tempête » a été mis à jour en janvier 2021.

Solstice d’Hiver : Étincelles dans la Nuit

Le Solstice d’Hiver est une fête dédiée à Belenos, Maître des étoiles. Cette fête saisonnière est aussi le moment où, dans la nuit la plus longue, nous sommes conviés à nous retirer en nous-mêmes, à entrer en introspection, avant de retrouver la lumière des festivités du Solstice. Moment de torpeur et de visions inspirantes enfin.

Le ciel est bas, obscur
Le soleil cisèle l’horizon de ses rayons
Dans une indécente froidure.
La Terre du bro entre en torpeur,
Et la lumière fuse dans un ciel noueux,
Teinté d’une aura cosmologique.

Voici que s’annonce le Solstice d’hiver
Et les nuits s’allongent, nostalgiques
Et l’être dans l’Inconnu se perd
Et les nuages luttent
Face à la lumière
Qui crie sa gloire.

De la matrice noire
Jusqu’aux grands flux divins
Maïwena tisse le Destin
D’un monde vaincu
Par la peur obscène des incultes.

Et voici que dans l’Ici
Chor’l avale Lueur avariée
Puis vomit paroles de miel
Voici que dans l’Ailleurs de demain
La Tueuse prépare son grand dessein
Et engage du guerrier l’acte et le fiel.

ON voit un feu de solstice d'hiver brûlant dans la nuitDans les bois noueux,
Sur le Tertre, face au Dieux
Un rituel embaume d’Awen la clairière.

Dans les bois mousseux,
Sur le Tertre, face au Dieux
Résonne un chant d’adieu
Dans l’air glacé
Étoffé de brumes,
Braise insensée,
La voix d’un Barde
D’Awen nacrée
Meurt, se consume.

Et Aedis consacre ses vœux,
Et Hounid brûle de l’homme la dernière Œuvre.

Lyre dans le vent

La lyre est l’instrument de reliance du barde. Sa vibration est celle du cœur. Inspiration d’amour pour cet instrument qui retrouve sa place d’expression en Europe, grâce à des luthiers passionnés qui se sont intéressés à la reconstitution de cette instrument à partir de recherches et ddonnées archéologiques. J’ai acquis une de ses lyres, de type armoricaine, que vous pouvez voir dans les photos ci-dessous. C’est sublime.

lyreCordes, cordes, cordes
Vibrent au gré du vent !
Clame, clame, clame
Ma voix au gré du chant.

Que souffle l’Awen
Sur mes doigts doucement !
Et que chante Lurenn 1,
Avel 2 près d’elle tourbillonnant !

Au son de la lyre
Le chantre devient puissant
Dans l’être,
Au cœur évanescent,
L’inspiration va jaillissant !

lyre


1. Lurenn : « Lyre » en breton.
2. Avel : « Vent » en breton

Les Lyres de l’Atelier Skald
Les Lyres de Margotton
Les Lyres de Tri Nox Samoni

Les lyres que vous voyez sur les photos ont été fabriquées par l’Atelier Skald et Julian Cuvilliez. Ce dernier donne des cours de lyre en Côte d’Armor, mais aussi sur Locronan où je réside.
Les cours, auxquels j’ai déjà participé l’année dernière (2017-2018), reprennent en octobre prochain. Il reste des places à Locronan. Si vous êtes intéressés pour faire partie des « Lurennoù Lokorn », vous pouvez me contacter et je ferai suivre.

sous les chênes, le Barde médite et écoute le Dagda

Sous les chênes

Les mots, le sens, le chemin. Un message reçu sous les chênes à quelques jours de l’entrée en Saison Claire. Le Dagda, maître de Sagesse parle et rayonne en moi dans un silence de paix, un bouquet d’étoiles parfumées de bienveillance… Sous les chênes, je ferme les yeux et me laisse infuser…

sous les chênes, le Barde médite et écoute le Dagda

Le cheminant : Inlassablement, les sourds vivent à crédit. Ils recherchent l’extase de la sensation magique, rendent culte aux légendes, glorifient la Geste du Monde Ancien et le culte du sang, réclament protection et reconnaissance divines. Mais voilà qu’ils n’obtiennent que des résidus de croyances, de superstitions, des masques de velours passéistes, des vérités en trompe-l’œil. Plus rien n’existe que la souffrance d’une lumière qui s’acharne à s’incarner dans le coma suranné du monde blanc.

Alors, quand les spéculations des érudits enchaînés aux livres et à leurs têtes obstruent toute voie de reliance et de foi, quand les mythes se théâtralisent sans conviction dans un cercle de pâquerettes entrelacées, le symbole est érigé comme un dieu unique, dressé tel un phare dans une nuit sans étoiles. Les pantins du fantasme mettent alors l’esprit en orbite pathostationnaire. Voici qu’ils piétinent l’harmonie de ce qui doit œuvrer, ces déshérités au nombril d’or, mais se meuvent, agités, héritant d’une divine indifférence !

Que ne voient-ils pas qu’ils écrasent sans cesse la fleur qu’ils souhaitent eux-mêmes voir épanouir ?

sous les chênes

Le Dadga sous les Chênes : Leur vaine immersion dans les racines d’Autrefois signe l’angoisse qui étrangle de n’être pas, de n’être plus, de renaître jamais. Et leur pas les mènent avec envie à vénérer une Nature magnétisée. Mais pourquoi auraient-ils à se vénérer eux-mêmes ? Car, dans leur libre arbitre, ils ne savent point qui ils sont. Leurs turpitudes magiques sonnent chaque jour leur dévoration. Beaucoup se sont retournés ; d’autres encore se retourneront, peu voient ou verront ce qui s’annonce sur leur chemin, ni ne planteront les graines de demain.

Alors, Barde exalté,
Petit Druide
toujours cheminant,
Puisses-tu faire silence et voir ce qui te ronge encore.

Et va, vogue toujours à travers le cosmos de l’Être.
Dans ton clair, comme dans ton obscur,
Rayonne de ce qui te fait mouvoir en ce monde.

Porte mon sourire rayonnant,
Délivre la flamboyance de ton cœur.

Sois chant de vie, ode sereine.
Sois cette pulsion de joie qui nourrit l’autre.
Que chuchote en toi l’Autre Monde.
Que tes yeux soient constellés de bienveillance.
Que ta parole porte la compréhension.

Moi Dagda,
Je suis à tes côtés.
Rayonne en silence de ton unicité,
Reflet de ton immensité.

Le grand silence du noir de Samonios

Un vieux texte sur Samonios. Je ne fête plus Samain / Samonios depuis longtemps maintenant, car dans mon Ordre nous avons réactualisé un calendrier païen basé sur des rythmes naturels et qui s’accorde bien plus avec ce que souhaitent les Divinités plutôt qu’avec le confort des hommes qui, dans leur peur des Dieux, se basent sur une date fixe qui les arrangent avec la chrétienté ou avec le passé… Samonios est pour moi maintenant une paléofête. ( janvier 2021)

somonios à travers la nuit sous la lumière d'une bougie

La nuit était alunaire, tendre, profonde
Comme le ventre de Mère la sombre.
Et la forêt silencieuse laissait entendre
Des rumeurs d’écorces,
Des hululements d’amour nocturnes.

Je m’enfonçais dans les profondeurs irréelles de Samonios
Arpentant un chemin d’incertitudes
Nimbé d’inquiétudes et d’ignorances.

L’Inconnu me saisissait l’esprit
Bouleversait le chaudron du bas.
Un feu du soir, intérieur, braisait mon intimité.

samonios -barde-druidisme-flamme-bougies

Et j’atteignais enfin ce Quelque Part
Ce Grand Noir sans frontière
Où le silence était souverain face aux Dieux
Et où les portes du Sedon allaient s’ouvrir.

Ma conscience allait maintenant pouvoir se poser dans l’instant
Et répondre à l’appel.

SAMONIOS !
Me voici entré dans mon silence,
La nuit devient lumière de pentacle.

Le Seigneur Feu est ma veille,
L’Awen ma mélopée intérieure,
Rigani mon observatrice,
Kerriwena ma bienfaitrice,
Kernunnos mon maître.

Ancêtres par le sang et la Famille Ancêtres de mon clan,
De mes pays
De ma Tradition,
Il est temps de nous rejoindre !
Passez le Pont.
Franchissez l’Eau de l’Inframonde !

J’honore votre histoire,
J’honore vos actes et créations d’autrefois.
Je reconnais votre héritage,
En bien comme en mal,
Et l’accueille de toute mon être…

Vous êtes mes racines,
L’intimité secrète de mes origines.
Vous êtes le chant d’un passé qui nourrit le présent.

Puissiez-vous renforcer
Tous les jours et nuits de mon existence
Le chaleur du lien qui m’unit aux Dieux et aux Déesses,
Par delà les pierres dressées,
Par delà l’Éternité,
Au plus profond des Tertres,
Dans le plus flamboyant des Sedons !

samonios - barde - bardisme